Il y a autour de 20 millions d’années, de grands singes, nos ancêtres, occupaient l’Afrique. Sans queue, ces singes montraient de plus gros cerveaux que leurs collègues, mais vivaient toujours dans les arbres. Ces singes, qui se nourrissaient principalement de fruits, avaient beaucoup de succès puisqu’ils de divisaient en une vingtaine d’espèces. Autour d’il y a 17 millions d’années, un grand refroidissement s’est produit, causant une glaciation importante aux deux pôles, faisant diminuer le niveau de la mer. Cette situation a ouvert le territoire de l’Europe aux grands singes, qui ont commencé à migrer de l’Afrique vers l’Europe australe.
Là-bas, bien qu’il faisait plus froid, les singes avaient alors accès à des fruits tout au long de l’année. Cependant, il y a autour de 12 millions d’années, le refroidissement avait atteint une telle mesure en Europe que les primates commençaient à manquer de figues durant les mois les plus froids de l’année. Ils se sont mis à jeûner, faute de fruits comestibles, durant ces mois-là.
Par la suite, il y a 6 à 8 millions d’années, beaucoup de ces espèces d’Europe sont retournées en Afrique, la ou il faisait plus chaud et ou il y poussait des fruits à l’année longue, alors que beaucoup d’autres espèces d’Europe se sont éteintes. Il est cependant très intéressant d’apprécier qu’après l’étude de différents fossiles de cette époque, nous savons aujourd’hui que nous descendons actuellement d’une espèce d’Europe, et non d’Afrique, qui est retournée en Afrique durant cette époque pour amorcer l’évolution vers l’hominidé que nous sommes aujourd’hui.
1) Fructose et acide urique : mutation d’un gêne qui leur a permis de survivre
Cette histoire fascinante de notre passé a engendré la mutation un gène qui a sauvé la vie à cette espèce de primate : elle les a fait beaucoup plus sensible au sucre!
La consommation élevée de fruits (la figue en général) étant un moyen d’augmenter ses réserves de gras pour les mois les plus froids (quand ils commençaient à manquer de nourriture), il en a résulté une mutation d’un gène qui a rendu ces singes des ”super-stockeurs”, capables de le faire en moins de temps que leurs cousins d’Afrique, qui eux n’ont jamais eu à s’adapter, car ils n’ont jamais manqué de fruits.
Un point plus négatif est l’augmentation marqué de la production d’acide urique de ces primates lorsqu’ils consommaient beaucoup de fructose.
2) Sirop de mais à haute teneur en fructose et boissons gazeuses : années 1970
Après la Deuxième Guerre Mondiale, nous pouvons apprécier (11:00 de cette présentation vidéo) que déjà, dans les années 1950 et 1960, la consommation de sucre (canne à sucre) avait déjà augmenté aux États-unis, par la légère augmentation de grosseur des boissons gazeuses que l’on y consommait. Cependant, dans les années 1970 est arrivé un deuxième joueur, qui à la fois se vendait à la moitié du prix (et qui a de même fait chuter les prix du sucre) qui se nomme le sirop de mais élevé en fructose. Lorsqu’on regarde sa composition, on se rend compte que le HFCS n’est pas bien différent (ou pas du tout) du fructose que l’on retrouve dans les fruits, consommés par nos amis les primates depuis plus de 20 millions d’années. Ultra-disponible, ce HFCS s’est vite retrouvé partout dans le monde alimentaire transformé, avec les résultats que l’on connaît.
3) Implications pratiques sur notre réalité d’aujourd’hui
À l’aide de points tout simples, voici ce qui se passe :
– aujourd’hui, le HFCS est partout, dans tout ce qui est emballé, pour améliorer le goût d’un produit et/ou améliorer sa période de conservation. – la particularité des boissons gazeuses est qu’à la base le sucre était ajouté pour cacher le goût du sel, qui donnait le goût de boire plus de liquide à son utilisateur. Aussi, la boisson gazeuse et le jus de fruits tels qu’on le connaît ne contiennent aucune fibre ni rien pour en ralentir la digestion, facilitant le fait de boire des quantités phénoménales de sucre en très peu de temps.
– l’humain étant plus sensible au sucre que d’autres singes, il a la particularité de ”stocker” très efficacement le fructose en réserves de gras pour plus tard, lors des périodes de famine. Le problème est que nous n’avons plus de périodes de famine. L’adaptation qui nous sauvés nous tue maintenant à petit feu.
– une épidémie de foie gras non-alcoolique est présentement en progression constante aux États-Unis, et même au Québec. La consommation de gras (lipides) n’est pas en cause directement. Nous consommons tellement de sucre que nos organes ne savent plus quoi faire avec, stockant ce gras autour d’eux-mêmes.
– L’être humain est particulièrement sensible à la maladie de la goutte, qui cause en particulier beaucoup de douleur aux extrémités (mains, pieds) et particulièrement au gros orteil. C’est dû, entre autres, à la quantité d’acide urique élevée que nous produisons résultant de notre consommation de sucrose (50% fructose/50% glucose).
– Il est possible de développer ces maladies sans embonpoint. La santé métabolique d’une personne ne dépend pas de sa surcharge pondérale (c’est un facteur, sans plus).
4) Suggestions : quoi faire de ces informations? Les habitudes de prévention vont bien loin.
– Boire de l’eau, du thé et du café. Si on veut sucrer, au lieu de choisir un jus de fruit santé (autant de sucre qu’une boisson gazeuse pu presque pour la même quantité), y aller plutôt pour du stevia ou des jus faits maison.
– La bière, malheureusement, peut probablement causer plus de symptômes de goutte (acide urique) que les autres types d’alcool. Le vin rouge sera toujours moins pro-inflammatoire.
– Cuisiner à la maison et limiter les aliments transformés au très occasionnel. Si c’est emballé et qu’il y a une fiche nutritionnelle, c’est transformé.
– Certains fruits, bien qu’ils ne soient pas problématiques lorsqu’ils sont consommés entiers, sont peut-être plus élevés en fructose que d’autres. Certaines personnes souffrant de foie gras ou de diabète pourraient être tentés d’en limiter (surtout les fruits séchés) quelques-uns.
Soyez bons!