Ça fait un moment que je souhaite parler de ça, mais j’ai toujours procrastiné. En voyant un post d’une amie récemment, qui dénonçait l’appropriation de mouvements/causes qui caractérise notre société d’aujourd’hui, je me suis dit que c’était l’occasion. C’est l’occasion de dénoncer ce qui pour moi n’est vraiment pas un terme/expression banale dans le monde de l’entraînement/nutrition/transformation physique, et qui est massivement utilisée. On parle du cheat meal, ou du droit d’avoir un repas ”triche”, normalement une fois par semaine.
1) 2020 : Il se passe quoi en ce moment?
En ce moment, à l’aube de l’année 2020, selon les données que j’ai collectées;
– 72% des Américains présentent de l’embonpoint
– 40% sont carrément obèses (je souhaite préciser que presqu’un Américain sur 2 est obèse. C’est incroyable!)
– La femme moyenne aujourd’hui est de même corpulence que l’homme moyen il y a 100 ans.
Pour se rapprocher de notre sujet, l’obésité (pas même de l’embonpoint) affecte maintenant :
– 21% des ados de 15 à 19 ans
– 18% des 6 à 9 ans
– 14% des 2 à 5 ans (comment on en est arrivés là?)
Toujours pour se rapprocher de notre sujet ;
– 36% des jeunes filles en âge de posséder un cellullaire (de plus en plus tôt, partez-moi pas là-dessus) disent se sentir extrêmement anxieuses chaque jour.
– la majorité des jeunes filles passent entre 6 et 9 heures en ligne par jour (what?)
Ces données sont sujettes à des résultats différents d’autres études, mais on connaît tous l’ampleur du problème. On le voit tous les jours. Il semble évident que les femmes/adolescentes, comme le souligne la fondatrice de l’entreprise ”Troop”, Alanis Désilets, font face à des enjeux auxquels les hommes/adolescents ne sont pas ou moins exposés. Elles sont plus sujettes à la dépression en association avec les réseaux sociaux que les hommes, c’est un fait, en partie parce que les femmes présentent des caractéristiques qui les rendent plus vulnérables à ce genre de symptômes, alors que les hommes sont beaucoup plus vulnérables dans d’autres situations.
2) Cheat meal : c’est quoi le lien?
Le ”Cheat meal” est largement utilisé par les coachs, nutritionnistes, naturopathes et autres professionnels de la santé. En gros, si tu manges bien toute la semaine, tu as droit à ton ”cheat meal” le samedi, selon le plan traditionnel. Sur le plan physiologique, c’est clair que ça fonctionne. En termes simplifiés, le fait d’engranger beaucoup de volume de nourriture dense en calories maintient la fonction de la glande thyroide, qui perd de sa vigueur lorsqu’un sujet est sur une diète (ou restriction calorique) sur une période prolongée. Le cheat meal en quelque sorte donne le ”signal” à notre métabolisme que tout est ok, qu’il n’y pas de manque de nourriture et que la perte de gras peut continuer, sans déclin du métabolisme.
Le problème avec ça, c’est de classer les aliments. Des bons aliments, et des mauvais. Des aliments qui font engraisser, et d’autres qui font maigrir. Des aliments que bon nombre d’influenceurs sur les réseaux sociaux, souvent dans la jeune vingtaine, disposant de beaucoup de temps pour s’entraîner, tout en étant d’abord avantagés par la nature (sans jamais rien enlever à personne), s’autorisent à manger pour être attirants comme ça et d’autres qu’ils ne s’autorisent jamais à manger. Je suis certain que la très grande majorité sont plein de bonnes intentions, mais leur message sonne faux. Les femmes n’ont pas à se sentir en croisade contre le monde entier et c’est extrêmement opportuniste d’entrer dans le combat des femmes contre la société en vendant des fat burners, des calendriers qui restreignent les femmes au niveau alimentaire et qui les prédisposent à encore plus de désordres alimentaires et d’estime de soi qu’elles en ont déjà.
Notre économie nord-américaine permet des choses magnifiques : elle permet à des gens extraordinaires de construire des entreprises et des projets qui aident véritablement les gens, mais qui permet à d’autres, avec un petit investissement et sans aucune expertise ni connaissances, de profiter de la naiveté de gens qui vont aller loin et dépenser beaucoup pour moins souffrir et se sentir mieux dans leur peau.
Je dis ça sans lancer la pierre à personne. Très peu de gens sont mal intentionnés, mais la plupart ne sont juste pas intéressés à mettre les heures. Des milliers d’heures pour apprendre à connaître leur contenu, tester, essayer sur soi-même, en prenant toujours le soin de se poser la question : ” Est-ce que je fais ça vraiment pour aider les autres ou est-ce que c’est surtout pour me sentir mieux, me valoriser?” C’est vraiment plus facile de vendre des suppléments qui, au mieux, vont donner un résultat éphémère que d’aller à la source du problème, et vraiment plus payant. Je ne tape sur la tête de personne, c’est un problème généralisé, et vraiment pire aux États-Unis.
3) Fitness : Le culte du corps et ses sacrifices nécessaires
Arnold, bien malgré lui, a en quelque sorte amené le culte du corps en Amérique. Ce qu’autrefois était pratiqué par des ”weirdos” comme lui est pratiqué par des centaines de milliers aujourd’hui. Ce qu’il faut comprendre, c’est que les athlètes du monde du fitness (qui embarquent sur le ”stage”) se doivent d’avoir des règles strictes pour descendre à des pourcentages de gras vraiment bas. Le ”cheat meal” a fait ses preuves, alors pourquoi ne pas l’utiliser? Cependant, ça n’a rien à voir avec la santé et le bien-être, et surtout pas à long terme. Beaucoup vont reconnaître qu’ils ont développé une relation malsaine avec la nourriture à cause de leurs préparations à ce type de compétitions, et c’est très difficile de s’en défaire.
Mais ça n’a rien à voir avec la vraie vie. 99% et plus du reste du monde n’a pas à connaître son poids sur la balance, ni son pourcentage de gras pour être bien dans sa peau. La santé générale ne se résume pas à des chiffres, et les aliments ne se résument pas à bons et mauvais. Le plus beau cadeau qu’on peut faire à nos enfants, c’est leur enseigner ces principes de base, et leur dire qu’on les aime.