La notion de boire ”plus d’eau” a toujours été un combat interne particulièrement bizarre pour moi, personnellement. D’une part, beaucoup reconnaissent la nécessité (ou, au minimum le bon sens commun) de boire une quantité précise (8 grands verres, 60-65 onces ou 2 litres) d’eau par jour pour éviter la déshydratation au point tel que notre santé pourrait être affectée. De l’autre, il doit bien a voir une raison pourquoi je n’ai plus soif! Après avoir consulté des milliers de fois le conseil :
”assure-toi que ton urine est claire”, sur toutes les plateformes de nutrition, sans voir la moindre référence scientifique sur le sujet, j’ai décidé d’aller voir plus loin si réellement, encore une fois, il valait la peine de considérer une notion qui semble aller à l’encontre de l’évolution de nos mécanismes naturels (dans ce cas-ci, la soif). Est-ce que la soif est un bon baromètre contre la déshydratation? D’abord, qu’est-ce que la déshydratation? Est-ce qu’il est possible de boire trop? Toutes des questions abordées plus bas.
1) Déshydratation Comme mentionné plus haut, beaucoup d’encre a été utilisée dans les dernières décennies pour avertir les gens d’éviter la déshydratation comme la peste. Cependant, il semble encore une fois que notre habileté à tolérer des niveaux de déshydratation physiologiques (normaux et pas extrêmes) nous a permis de survivre en ce monde sans fontaine d’eau dans la savane. Alex Hutchinson, auteur de ”Endure” (qui est sur ma liste), nous confirme dans ce très intéressant article que les coureurs de marathons les plus rapides sont en fait les plus déshydratés (certains perdent près de 10% de leur poids durant une course) à la fin d’une course. Le corps semble avoir une étonnante habileté à tolérer la déshydratation durant des efforts soutenus. Nous avons entre autres la contribution d’une hormone anti-diurétique appelée vasopressine, pour qui la première fonction est de réabsorber l’eau par les reins lorsqu’elle sent une irrégularité dans les fluides corporels (eau, électrolytes, ect..).
2) Hyponatrémie En fait, beaucoup plus de problèmes semblent provenir de l’action inverse de manquer d’eau, phénomène beaucoup plus récent mais qui a déjà contribué à beaucoup d’hospitalisations/décès (particulièrement dans le monde des sports d’endurance), c’est-à-dire un boire un excès d’eau. On appelle communément cette condition hyponatrémie. Tim Noakes, leader mondial sur ce sujet et auteur de Waterlogged, a souvent parlé du problème d’hyponatrémie dans les sports d’endurance, qui a tendance à se manifester particulièrement chez les coureurs/athlètes de niveau moyen à inférieur. Pourquoi? Tout simplement parce qu’ils passent beaucoup plus de temps à courir/performer, prennent plus de pauses (marche/course) et sont beaucoup moins rapides, toutes des circonstances qui leur donnent des occasions de se sur-hydrater pendant une course. Le coureur de marathon, qui a terminé le sien en 2h30min n’a certainement pas le temps de boire beaucoup!
3) Concept de déshydratation plus réaliste
Ce que peu semblent savoir, c’est que le phénomène de déshydratation est bien plus qu’un concept de volume d’eau : c’est surtout un concept de volume d’eau vs. concentration d’électrolytes dans ce même volume d’eau. Quand nous buvons beaucoup d’eau, qui est pratiquement dénuée de sodium, la concentration de ce dit sodium baisse dans le plasma, nous mettant à risque de déficits en certains minéraux, le sodium semblant être le plus important d’entre eux. C’est pourquoi j’ai toujours été recommandé d’ajouter une pincée de sel de mer à ses verres d’eau, et particulièrement pour ceux/celles qui s’entraînent vigoureusement par des températures chaudes et humides.
Ce qui est vraiment ”cool”, est le fait qu’en améliorant notre condition physique, nous semblons améliorer notre capacité à retenir le sodium à l’intérieur du corps, en excrétant de l’eau à travers la sueur, réduisant du même coup les risques de déshydratation. Inigo San Milan, dans ce magnifique podcast, le confirme à 2:45:00 lorsqu’il parle de Miguel Indurain (gagnant de 5 Tour de France en cyclisme), en parlant de la remarquable capacité de cet athlète à suer des chaudières de sueur tout en retenant pratiquement tout le sodium nécessaire à une bonne performance, alors que nous voyons souvent des sportifs du dimanche avec des calcifications sur leur casquette et chandail, signes qu’ils sont peu efficaces à retenir leur sodium.
Mes conclusions, suite à cette recherche :
– Le corps humain semble merveilleusement bien adapté à supporter une légère déshydratation, surtout à l’effort. Notre tendance actuelle à vouloir tout contrôler (même aller à l’encontre de nos signaux de soif) semble nous déshydrater davantage (minéraux) qu’autre chose. – La soif semble être un excellent moyen d’auto-réguler notre apport en eau. – En cas de déshydratation, le corps semble avoir une tendance à excréter plus de magnésium pour conserver ses réserves de sodium, qui sont plus importantes à court terme. Une autre raison pourquoi une supplémentation en magnésium semble judicieuse (pour presque tous), particulièrement pour les athlètes aux gros volumes d’entraînement.
Soyez bons!