Comment la Perception Impacte la Performance

D’instinct, j’ai toujours su (ou senti?) qu’il semblait important pour moi de séparer mes intenses (pour moi, du moins) séances de travail cognitif (infolettre, programmation, comptabilité )
par une période ”tampon” où je m’oblige à ne penser à rien d’exigeant avant une séance d’entraînement.  D’ordinaire, pour moi du moins, c’est souvent une sieste de 10 min ou un café en ne faisant rien d’autre que regarder le vide .



Parfois, je ne suis pas assez fatigué pour dormir, mais ce break-là m’aide à recharger mes batteries avant d’attaquer une séance d’entraînement particulièrement difficile, et il semble qu’il y ait un fondement scientifique derrière tout ça.  Cet article servira à décoder tout ça, en se basant sur un passage que j’ai remarqué dans l’incroyable livre ”Endure”, que je viens de lire pour la deuxième fois dans son entièreté, pour permettre à certains de réaliser l’ampleur du rôle du cerveau sur la performance (d’endurance et de force). Let’s go!




1)  Tout est dans notre Tête!



En 2010, le scientifique Samuele Marcora, de l’Université de Kent, Angleterre, et son équipe ont construit une étude dans laquelle 16 sujets  (motivés et habitués aux efforts physiques difficiles, détail important pour la crédibilité de l’étude) allaient être testés à deux reprises sur un vélo, jusqu’à épuisement (incapable de maintenir un ”wattage” donné).  Avant ces tests physiques, on allait séparer ces individus en deux groupes, qui pendant 90 minutes (pour les 2 groupes, juste avant le test physique) allaient :


– subir des tests cognitifs relativement compliquer (appuyer sur des boutons rapidement en voyant des lettres apparaître sur un écran) pendant 90 min


tandis que l’autre allaient


– regarder un documentaire émotionnellement neutre pendant 90 min


Chacun des deux groupes allaient ensuite performer leur test sur vélo jusqu’à épuisement.



2) Résultats



Sans surprise (mais en même temps, inexplicablement), les sujets qui avaient fait les tests cognitifs ont duré autour de 15% moins longtemps (une éternité ; 10min40sec, comparativement à 12min34sec pour le groupe qui avait regardé les documentaires).  Ce qui est le plus intéressant, du moins pour l’auteur de ces lignes, est qu’aucun paramètre physiologique était différent ; il n’y avait pas de différence de performance au préalable entre les sujets des 2 groupes et tout le monde semblait avoir le même niveau de motivation (il n’y avait pas de ”récompense” de performance pour aucun des 2 groupes, sauf pour 50 EUROS pour celui qui aurait la meilleure performance ”overall”)

3) Discussion




À la conclusion de cette étude, le point le plus important à souligner (du moins pour moi) semble que, dès le premier coup de pédale, les sujets au préalable fatigués par les tests cognitifs ont rapporté des niveaux de fatigue plus élevés (sur l’échelle de Borg, qui s’échelonne de 6/20 à 20/20).  Cette découverte suggère (et ma simple expérience personnelle corrobore cette hypothèse) que le cerveau semble être le gouverneur ”central” de l’effort, et que la performance, et particulièrement la performance d’endurance (beaucoup plus longs et souvent beaucoup moins techniques que la performance de force/adresse), donc dépendent potentiellement moins du ”talent” de l’individu et plus de sa volonté de souffrir).  Nous avons tous des jours où tout va merveilleusement bien à l’entraînement (la perception d’effort est plus basse que nos attentes), et nous avons tous des jours de caca d’eau douce (où tout est lourd et difficile), et notre préparation physique (vers le haut ou vers le bas) ne peut pas être altérée si dramatiquement en aussi peu de temps ; c’est probablement notre gouverneur central qui régule notre niveau de fatigue avant même que la séance commence!



Quiconque ait déjà fait l’expérience d’une moins bonne performance à l’entraînement suite à une journée drainante au travail sait qu’on a quelque chose ici.


Est-ce que c’est pour ça que beaucoup choisissent de s’entraîner le matin (rien de drainant avant), même si notre température corporelle n’est pas aussi haute qu’on voudrait?


Est-ce que ça vaudrait la peine de planifier une courte période ”tampon” entre le travail et l’entraînement, ou même carrément une sieste?


Pour moi, la réponse semble être oui, et les circonstances de chacun sont différentes.  Toujours le fun à savoir, quand même.



Soyez bons!