Dans certaines cultures, l’exposition au froid (les bains glacés, entres autres) font partie du quotidien depuis de multiples générations, alors que notre confort moderne nous éloigne de plus en plus des températures extrêmes. Heureusement, la science moderne est désormais en mesure de ”prouver” les bénéfices de l’exposition au froid, d’une simple douche froide, à la cryothérapie aux bains glacés au spa, en finissant par une ”saucette” dans le lac par temps froid. Ce phénomène, qu’on appelle hormèse (hormesis en anglais), fait simplement référence à une exposition à un ”stress” (qu’on qualifierait d’eustress ici), qui au lieu d’avoir un effet catabolique ou négatif à long terme (par exemple, un surplus calorique de longue durée n’est certainement pas relié à l’hormèse), a un effet positif et régénérateur, après une brève période de récupération. L’entraînement en salle bien structuré, même s’il a tendance à endommager des structures musculaires et créer de l’inflammation à très court terme (juste après une séance) bien entendu, a le potentiel de faire de nous des êtres plus résilients quelques jours plus tard. Dans cet article, nous explorerons quels sont ces bénéfices dus à l’exposition au froid, et comment les explorer pour le commun des mortels.
1) Système immunitaire
En commençant par les bienfaits reliés au système immunitaire, il est question directement du concept d’hormèse ; à première vue, il fait peu de sens que d’aller se geler les couilles dans le lac de façon régulière participerait à une quelconque amélioration de notre système immunitaire à court, moyen et long terme. On nous a toujours dit de ne pas sortir sans manteau étant enfants, non? Pourtant, c’est ce qui semble se passer ici. Certaines études semblent montrer des hausses significatives de cellules reliées à l’immunité (globules blancs), alors que celle-ci a trouvé une diminution des absences du travail reliées à la maladie, dans une étude qui a duré plus d’un mois et qui a comparé des gens exposés à une douche froide vs. une douche chaude par jour. Évidemment, il est impossible d’éliminer l’élément placebo (contrairement à la pilule de sucre pour les suppléments), mais on a trouvé une diminution remarquable de 30% de temps manqué dus à la maladie sur cette période. De plus, Wim Hof, qui a pris d’assaut le monde en courant des marathons en shorts à -30 degrés il y a 10-15 ans, a démontré scientifiquement qu’il était possible de contrôler sa réponse immunitaire grâce à la méditation/respiration, et il a attribué beaucoup de ses résultats (et ceux de ses élèves) à son exposition continuelle aux bains glacés et aux douches froides.
De plus, il semble avisé de mentionner que l’exposition au froid a tendance à être bénéfique au niveau de la gestion de notre production de cortisol (surrénales) et donc de la gestion du stress en général, entres autres parce que l’exposition à l’eau très froide force le sujet à contrôler sa respiration. Nous savons d’instinct, dès l’exposition, que prendre le contrôle de son système nerveux permet une expérience moins désagréable que de ”paniquer” et accélérer sa respiration. La dose et moyen nécessaires pour obtenir de bons résultats en termes de diminution du stress et de la dépression semblent être trop vagues et variables pour le moment, mais il semble exister un lien. Étant conscient d’une connexion directe entre le stress chronique et la prédisposition à plusieurs maladies/complications de santé, (grâce entres au travail exceptionnel de Dr. Robert Sapolski sur les primates), il fait du sens de corréler l’exposition régulière au froid avec un individu possédant un système immunitaire plus efficace, bouclant la boucle. On ne semble pas en être rendus au point de garantir que l’exposition au froid fait de nous des êtres plus résilients aux maladies infectieuses, ni à lesquelles en particulier, mais il semblerait mal avisé de parier contre ces hypothèses.
2) Perte de gras? Ses effets sur le métabolisme
Il y a plusieurs années, je suis tombé sur un mini-documentaire rapportant les quantités incroyables de nourriture ingérées par Micheal Phelps, le meilleur nageur olympique de l’histoire, qui engloutissait 10-12000 calories par jour pour supporter son entraînement de plusieurs heures par jour. Je me rappelle m’être demandé : comment Phelps peut monter à 10-12000 alors que les cyclistes du Tour de France, qui sans débat à mon avis se livrent à un des plus grands Défis d’endurance de la planète, ”n’ont besoin que de” 7000-8000 par jour en compétition?
L’eau semble jouer un rôle important. En effet, la plupart des études effectuées sur l’exposition au froid l’ont été sous un bain froid parce qu’il est beaucoup plus facile d’isoler des variables, comme jusqu’au cou à 15 degrés Celsius, alors qu’une douche froide est beaucoup plus aléatoire. L’eau semble transférer l’énergie beaucoup plus efficacement que l’air (23,5 fois plus, pour être précis), ce qui engendrerait des pertes d’énergie plus grandes dans une piscine à quelques degrés plus froide que notre température corporelle, que lorsqu’on est à vélo par exemple, ce qui expliquerait du moins en partie les besoins énergétiques de Micheal Phelps à ce moment, qui a rectifié le tir (il parlait de plus 8000-10 000 calories par jour, et non 12 000, ce qui est encore gigantesque) quand un nombre impressionnant d’idiots (on peut toujours s’attendre ça des Américains, en particulier) ont tenté l’expérience, rendant le truc un peu dangereux.
Alors, que se passe-t-il vraiment dans un bain glacé ou dans une douche froide? Évidemment, le corps va chercher à produire de la chaleur, ce qu’il va faire soit en grelottant, soit en augmentant l’activité des cellules de gras beige/brun (brown fat), qui sont métaboliquement plus actives que les cellules de gras blanc, pour créer de la chaleur. On pensait à l’origine que les adultes perdaient la capacité d’utiliser leurs cellules de gras brun comme les très jeunes enfants, qui n’ont pas la capacité (ou très peu) de grelotter, mais nous savons maintenant que nous sommes capables de convertir des cellules de gras blanc, qui semblent beaucoup moins actives métaboliquement (”dead weight” comme on dit en anglais), en cellules de gras plus foncées, qui ont tendance à se retrouver près du cou et des épaules, et qui semblent avoir la capacité incroyable de se convertir très rapidement chez l’humain dans des conditions appropriées, c’est-à-dire froides.
Dans la Partie 2 de cet article, qui paraîtra la semaine prochaine, on ira dans le plus concret, car toutes ces informations ont très peu de valeur si ce n’est pas possible (ou très difficile) à appliquer dans la vraie vie, à mon avis.
Soyez bons,
Max