Il y a maintenant plusieurs années que je tente de mettre de la lumière dans ce qu’on appelle la science de la nutrition. Combien de fois je me suis fait commenter ; ” C’est difficile de se positionner et de prendre une décision, tellement les études sont contradictoires des fois”. Et c’est parfaitement vrai! Dans cet article, je vais expliquer pourquoi tout ça n’est pas aussi clair qu’on peut le croire, et pourquoi il faut toujours rester objectif sur ce qu’on croit être vrai ou non.
1) Elle est si jeune
Alors que la science de la chimie, par exemple, existe depuis des millénaires, ça ne fait que depuis les années 1800 qu’on a commencé à comprendre scientifiquement des choses au niveau de la nutrition. Ceci étant dit, il reste tant à découvrir, et ça se fait à pas de tortue.
2) La majorité des investissements ne vont pas en prévention
La vérité est qu’en ce moment, les problèmes de santé en Amérique du Nord (et dans la plupart des pays industrialisés) sont si prévalents que la très grande majorité des investissements ”patchent” des trous en ce moment. On tente de trouver des remèdes contre le cancer, alors qu’on devrait trouver des façons de le prévenir! Par exemple, en 2016, le National Institute of Health a dépensé $5 215 000 000 pour la recherche contre le cancer. Contre la prévention (nutrition optimale)? 500 000. (2) La recherche contre le cancer avance très bien, alors que la nutrition de prévention (qui ne cherche pas à régler un problème en particulier) traîne de la patte, sans surprise.
3) Malhonnêteté
Quand on lit une étude, il est très important de savoir qui a financé l’étude. Il est par exemple très intéressant de savoir que lorsqu’une question comme : ” Est-ce que les boissons sucrées causent un gain de poids?” est posée, les données indiquent :
– que les études en conflit d’intérêt avec les compagnies qui les financent vont très rarement (16%) avoir un résultat positif. La très grande majorité vont trouver une façon de donner un résultat ”statut quo”.
Beaucoup de corporations (Coca-Cola, Nestlé, ect) ont intérêt à détourner l’attention et de “tweaker” les études pour les rendre à leur avantage est un excellent moyen.
4) Isoler les variables : impossible!
C’est le point le plus important à mon avis, et c’est là que le commun des mortels fait le plus d’erreurs de jugement, sans considérer tous les facteurs. On peut lire dans une étude d’observation (souvent des questionnaires, en suivant beaucoup de gens sur de longues périodes) que le bacon cause le cancer, par exemple. Même avec des questionnaires très précis, il est impossible de déterminer que le bacon cause le cancer à long terme en tenant compte du fait :
– que les gens sont terribles pour se souvenir ce qu’ils ont mangé la veille, alors difficile d’être précis lorsqu’on parle de mois entiers entre les questionnaires. De plus, les gens sont terribles pour estimer leur quantités de nourriture ingérées.
– que les facteurs qui influencent la santé sont multiples : cigarette, sommeil, sucre, prédispositions génétiques, ainsi que plusieurs autres…
Bref, les études randomisées et contrôlées à double insu sont beaucoup plus précises, mais il est difficile d’avoir des groupes assez volumineux pour être crédibles et ça coûte très cher.
La corrélation ne prouve pas la causation.
5) Les outils pour mesurer sont inefficaces
L’estimation des valeurs nutritionnelles d’un aliment peut être erroné de 30 à 50% (c’est énorme!), alors que pas une personne n’absorbe les aliments de la même façon. C’est pourquoi je pense que compter ses calories n’est pas un moyen efficace de gérer ses apports nutritionnels.
6) Les médias gâchent tout!
Beaucoup de journalistes, amateurs de nutrition et autres charlatans (qui ne sont pas des professionnels de la santé) tendent à donner une réponse dans le blanc ou noir, alors qu’il y a toujours des nuances de gris lorsqu’on parle de nutrition. Ce qui est vrai pour moi ne l’est pas nécessairement pour vous, et vice-versa. Bon ou mauvais ne sont pas des mots acceptables pour apprendre à développer son jugement de façon critique et objective.
Pour en savoir plus, j’invite à consulter le dernier livre de Bernard Lavallée (le nutritionniste urbain) : ‘‘ N’avalez pas tout ce qu’on vous dit”. Cet auteur est d’une objectivité remarquable.