Mythe de la Motivation :  Le Rôle du Coach là-dedans?

A man in a gym holding a pull up bar.

Il y a quelques jours, je suis tombé sur une question posée sur un groupe d’hommes enthousiastes pour tout ce qui est santé en 2022 ;

– nutrition
– entraînement
– sommeil
– sauna, douches froides
– santé mentale
– ect…

Sur ce groupe, la question qui a été posée est la suivante (les fautes de frappe ne sont pas corrigées) :

” Mon coach et moi on essaie de trouver des façons différentes de me garder motivé et s’assurer que je fais tout mes 2 trainings de la semaine au gym (avec mon horaire et un ”newborn” et mes activités de fds, c’est en masse mettons).

Si je manque 1 training sur 2: semaine suivante (2 training) on ajoute un exercice qui va me raquer solide (jusqu’a épuisement musculaire)

Si je manque 2 training sur 2: semaine suivante (2 training) on ajoute l’exercice d’épuisement musculaire et l’exercice que j’hais le plus au monde (burpees en variante avec flow dedans en plus pour me faire encore plus suer)

Est-ce que yen a d’autre qui ont essayé ca et pour qui sa fonctionner?
Ou sinon, vos trucs pour vous garder motivé?



La question peut sembler longue, mais le contexte est important ici, selon moi.  En tant que coach, je me pose cette question depuis le début des temps ; comment m’assurer de garder ma clientèle motivée à l’entraînement ? Jusqu’où suis-je prêt à m’investir là-dedans?  Quand la ”job” de coach devient une carrière, il faut absolument avoir une stratégie pour cette situation, car c’est bien cette problématique qui peut mettre un coach en ”burnout” (épuisement professionnel) dans le temps de le dire.  Personnellement, du moins, c’est certainement l’aspect le plus ”challengeant” de ma pratique.


1) Le mythe de la discipline : l’article le plus copié de l’histoire?

Charles Poliquin est probablement le coach ayant eu le plus de succès mondialement dans l’histoire.  Son concept le plus populaire (et le plus copié par ses pairs) a certainement été le mythe de la discipline, concept qui a véritablement éclaté au grand jour lors de l’une de ses dernières apparitions (et l’une des plus médiatisées) sur le podcast de London Real.  En résumé, le concept est clair ; la discipline (alias la motivation) n’existe pas, et seulement les priorités comptent.  Bien qu’il soit normal à mon avis d’y ajouter des nuances, il n’est pas clair pour moi que ce soit productif.  La société nord-américaine en particulier est complètement ”addic” (dépendante) au concept du héros (Batman, Superman, Spiderman, Marvel, ect..) qui surmonte des difficultés incroyables pour faire de sa vie un succès, mais nous semblons un tantinet un peu trop enclins à expliquer nos déboires (surtout reliés à la santé) par des facteurs externes, comme si nous n’avions aucun contrôle sur notre cheminement.  Bien que ce concept (libre-choix) ne soit pas encore totalement élucidé (et ne risque pas de l’être de sitôt), Mr. Poliquin n’était certainement pas du camp que les dés sont déjà pipés pour chacun d’entre nous ; nos choix semblent dictés par nos priorités, et notre ordre de priorités peut évoluer avec le temps.



2) Tatiana et le rôle du coach là-dedans?

Ma femme est complètement ”badass”.  Évidemment, je suis loin d’être objectif ici, mais ça semble être l’opinion de tous ceux et celles qui croisent son chemin.  N’ayant que très peu d’aptitudes pour les sports (et particulièrement ceux qui exigent beaucoup de coordination), elle s’est retrouvée à 25 ans dans une condition physique ordinaire (pour être gentil) en plus d’éprouver, comme j’avancerai la majorité des jeunes femmes, des difficultés avec son image corporelle.  Sa motivation à l’entraînement semblait presqu’exclusivement extrinsèque (reliée à des résultats et non au processus), ce qui a la malheureuse tendance de faire replonger les gens dans leurs mauvaises habitudes (ou à leurs habitudes non désirées) à la moindre occasion.  Peu à peu, au contact de gens qui appréciaient l’entraînement pour ce qu’il nous fait vivre et non pour ce qu’il donne comme résultats de façon exclusive, elle a commencé à anticiper son prochain entraînement de façon positive.  Au fil du temps, elle a :


– réussi son premier chin-up
– réussi son premier ”deadlift” à plus de 225 lbs
– fait une compétition d’haltérophilie
– fait une compétition de CrossFit de haut niveau
– botté des culs mâles lorsqu’enceinte de 8 mois (2x)




Et plus encore.  Et c’est juste le début.  Il n’y a pas de limites à ce qu’on peut faire du corps humain quand le coeur y est.  Et c’est là que le coach intervient.  Il se doit de faire voir à son client toutes les possibilités qui sont devant lui/elle, mais qu’il/elle n’arrive pas à voir.  Il peut lui prendre la main d’abord, mais il se devra de la lâcher tôt ou tard.  Son rôle est d’accompagner son client, et de mettre ses limites à jusqu’où il sera prêt à aller pour ”motiver” son client, qui devra décider (littéralement prendre une décision, tous les jours) quelle personne il/elle veut être.  Tous les facteurs étaient contre son camp, mais Tatiana a quand même pris la décision de s’entraîner 4 ou 5 fois par semaine quand elle était grosse comme une baleine (2 fois!), et ce n’était certainement pas parce qu’elle s’attendait à faire des gains en condition physique à ce moment-là.  C’était probablement (je devine pour elle) 90% mental et 10% physique à ce moment-là, pour éviter de perdre le rythme, parce que c’est si difficile de recommencer par la suite, quand ça fait 1 an et plus que l’entraînement rigoureux ne fait plus partie du quotidien.  L’objectif ici n’est certainement pas de faire sentir ”comme de la marde” ceux et celles qui ont des difficultés avec leur adhésion à l’entraînement régulier, mais bien de mentionner que des histoires comme celles de Tatiana, il y en a des milliers à travers le Québec, et que c’est possible pour chacun d’entre nous d’y arriver.



3)  Réponse à la question?

Comme on a pu deviner, il ne semble pas exister de ”truc” concret pour garder la motivation à s’entraîner à long terme.  Ma théorie est la suivante :

– certains ”trucs” de motivation (par exemple, ne jamais rater 2 séances de suite. JAMAIS) peuvent être utiles surtout au début de l’aventure ”fitness”, ou moins de 10-15% du temps

– l’activité choisie doit être suffisamment plaisante pour que ce soit envisageable de la pratiquer à long terme.  Et pourquoi pas pour toujours!  Il faut parfois des années pour trouver chaussure à son pied

– bien honnêtement, il semble loin d’être certain qu’être physiquement actif deux fois par semaine soit suffisant pour profiter de la majorité des bénéfices que l’entraînement physique engendrent.  Il semble clair qu’une minorité de gens sont capables d’intégrer 2 entraînements productifs par semaine à l’année longue, mais que malheureusement la majorité n’arrivent pas à établir un rythme assez soutenu à 2 fois par semaine (à moins d’avoir un coach qui supervise ses entraînements sur place) pour progresser et se sentir ainsi encouragé(e) pour continuer sur cette cédule à long terme.  À mon avis, 3-4 entraînements (1 jour sur 2 ou presque, ou plus)/semaine, même très courts pour certains, sont suffisants pour créer une routine autour de son mode de vie et ainsi l’intégrer à son identité semble nécessaire, sinon les gens semblent toujours retomber dans le pattern :

– 2 x/sem, 30 semaines par année
– 1x/sem, 16 semaines par année
– 0x/sem, 6  semaines par année



Ainsi, bien que ce soit mieux que rien, ça ne semble clairement pas assez pour que la majorité fassent l’expérience de progrès suffisants pour ”faire rouler la balle dans la bonne direction”, année après année.  Ces gens semblent toujours tomber dans la même panneau du cycle ”faut je me remette en forme”, sans vraiment mettre les deux pieds dedans de façon convaincante.

Soyez bons!