1) Les différents paliers de sommeil
Tout d’abord, il est intéressant de constater que le REM (action rapide des yeux ou rapid-eye movement, en anglais, qu’on qualifiera de REM pour le reste de l’article, heureusement) est apparu après le NREM (non-action rapide des yeux, qu’on appellera NREM avec soulagement pour la suite) au fil de l’évolution. Quelque part il y a plusieurs millions d’années se sont séparés les premiers mammifères des reptiles, qui pour certains n’ont pas besoin de ce fameux sommeil REM. Mère Nature ne fait jamais rien pour rien, ce qui laisse supposer que beaucoup de bénéfices sont dérivés de cette phase REM, où les yeux roulent dans notre boîte crâniale et pendant laquelle nos rêves (la plupart) se produisent. Nous sommes aussi incroyablement vulnérables pendant cette période de la nuit, laissant supposer une fois de plus que cette phase est critique pour notre restauration.
De façon la plus directe possible, voici les différents paliers de sommeil sont nous faisons l’expérience, chaque nuit :
– palier 1 (sommeil léger) : yeux sont fermés, facile à réveiller, au tout début d’une nuit par exemple
– palier 2 (sommeil léger) : vagues ralentissent
– palier 3 (sommeil profond) : toujours plus lent
– palier 4 (sommeil profond) : encore plus grosses vagues, plus lentes
– REM : yeux bougent dans la boîte crâniale, corps est paralysé pour éviter d’agir sur nos rêves
2) À quoi ça sert, le sommeil réparateur (REM)?
À première vue, le sommeil REM peut sembler plus ”actif” que les cycles qui le suivent, c’est-à-dire le sommeil léger et le sommeil profond. À plusieurs égards, il l’est :
– augmentation fréquence cardiaque, par rapport aux autres paliers
– pression artérielle monte à presque les niveaux de nos stades d’éveil
– l’activité cérébrale augmente, laissant supposer que beaucoup de nos apprentissages de la journée sont en mode ”consolidation”
– la grande majorité des rêves se produisent à ce moment-là
Comme mentionné au tout début, il a fallu que le sommeil soit bien important pour que Mère Nature ose paralyser le corps pendant 1h30-2h par nuit. Ce type de sommeil semble la rançon pour tout le travail cognitif que nous avons à faire par jour.
3) Comment se manifeste t-il ?
Dans cet excellent podcast sur le sujet (Partie 1/3), Matthew Walker, auteur de ”Why we Sleep”, estime que les humains ont véritablement commencé à avoir des problèmes de sommeil quand la Révolution industrielle a commencé (Fin 18ième siècle). Amenant de nouvelles possibilités exceptionnelles, l’électricité a aussi amené des ”villes qui ne dorment jamais”, où la lumière artificielle est toujours présente, même la nuit, et où certaines personnes ont ainsi l’opportunité de jouer avec leurs rythmes circadiens, déplaçant ceux-ci de plusieurs heures par jour.
À chaque 90 minutes environ, un nouveau cycle de sommeil REM, sommeil léger (stades 1 et 2) et sommeil profond (stades 3 et 4) recommence. Ce que peu réalisent cependant, est que le sommeil n’est pas distribué également :
– le NREM (sommeil léger et profond) prend beaucoup de place (à l’intérieur de chaque 90 minutes) au début de la nuit, par exemple de 22h à 2h
– à un certain point, le sommeil réparateur (REM) commence à prendre de plus en plus de place à l’intérieur d’un 90 minutes
Bien que le sommeil REM se devrait de constituer environ 20-25% de notre sommeil total (donc, entre 1h30 et 2h environ, sur une nuit de 8h), il est certainement plus présent dans la deuxième partie de notre nuit. Il ferait du sens, par exemple, que les ”early birds”, qui ont l’habitude de se coucher tôt et de mettre leur réveil-matin aux aurores le matin, font partie de ceux qui font disproportionnellement l’impasse sur du sommeil REM par rapport à leur sommeil total.
Dès qu’une personne semble manquer de sommeil, on voit souvent le sommeil REM qui est recruté de façon préférentielle à la nuit suivante, laissant supposer encore une fois qu’il est absolument vital, peut-être même encore plus que notre sommeil profond (stades 3 et 4).
4) Veut-on jouer avec Mère Nature?
Pour répondre à la question initiale, il ne semble pratiquement jamais avisé d’augmenter de façon consciente notre sommeil REM. Il s’agit plutôt de mettre des mesures en place pour éviter de le supprimer régulièrement, lui laissant la place qu’il lui revient (20-25% du sommeil total). Certaines mesures semblent plus importantes que d’autres :
1) Consommation d’alcool : réputé pour supprimer le sommeil REM comme pas un, nous semblons pouvoir réduire ses effets en consommant nos verres tôt dans la soirée, et évidemment en quantité modérée. Éviter juste avant le dodo.
2) Avoir des horaires réguliers de sommeil. Clairement, nous semblons faire mieux à plusieurs niveaux en se couchant et en se levant autour des mêmes heures à chaque jour. La ”boulimie du sommeil” la fin de semaine, comme Matthew Walker l’a nommé, a ses limites.
3) Manger léger : tout comme pour l’alcool, le fait de consommer beaucoup de nourriture près du dodo a un effet négatif sur le sommeil REM de façon constante. Le proverbe ” Breakfast like a king, lunch like a prince, dinner like a pauper” semble certainement difficile à appliquer certains soirs, mais il semble le plus efficace pour la qualité de notre sommeil et de notre digestion.
4) Plusieurs autre trucs pourraient être efficaces ici