Une étude, qui s’est conclue en 2018, et qui a été publiée en 2021 dans le prestigieux magazine scientifique JAMA, a retenu mon attention cette semaine. Avant de parler des résultats de l’étude, il semble important d’expliquer ce que la stigmatisation d’un enjeu de société peut amener :
– elle (stigmatisation) peut empêcher les gens de chercher de l’aide, par peur d’être jugés négativement
– elle peut limiter le nombre de professionnels qui s’intéressent au problème, par manque d’intérêt
– elle peut créer un manque d’intérêt pour les gouvernements d’investir dans des solutions
1) Résumé de l’article
Pour conduire cette étude, on a fait 3 rondes d’interviews (tête-à-tête) avec plus de 4000 adultes (18 ans et plus) au total, toutes espacées d’une dizaine d’années environ (1996,2006,2018 ; à chaque fois comprenant plus de 1000 personnes). Les sujets provenaient de communautés ethniques variées et n’étaient pas institutionalisés pour des problèmes de santé mentale, ce qui aurait certainement influencé le résultat. On questionnait les sujets sur 3 points :
1) dépression
2) schizophrénie
3) dépendance à l’alcool
2) Résultats
Tout d’abord, de 1996 à 2006, il est intéressant de constater qu’un changement s’est opéré au niveau de la provenance de problèmes de dépression majeure. Le ”shift” s’est fait vers les prédispositions génétiques, au détriment de pointer l’individu du doigt en question ou ses origines/statut social à la naissance. Bien que ce soit un changement positif sur 10 ans, la perception de stigmatisation pour les gens qui souffrent de dépression majeure n’a pas diminué sur cette période (1996-2006).
Ensuite, de 2006 à 2018, ce changement en question s’est opéré. Les gens ont rapporté (différence statistiquement significative) : sur la Figue 1 ici, on peut voir plusieurs marqueurs de dépression majeurs descendre en flèche, ce qui est positif dans ce cas-ci, si on veut voir moins de stigmatisation de ces problèmes-là évidemment) être MOINS enclins à :
– désirer de la distance sociale (ne pas voir) avec quelqu’un qui souffre de dépression majeure
– refuser d’entrer en contact (socialisation) avec quelqu’un qui souffre de dépression majeure
– refuser d’être amis avec quelqu’un qui souffre de dépression majeure
– refuser d’être en contact au travail avec quelqu’un qui souffre de dépression majeure
Malheureusement, certaines de ces tendances ont pris le chemin inverse, pour voir plus de stigmatisation vers la schizophrénie et la dépendance à l’alcool, durant la même période.
3) Conclusion
Au cours des dernières années, il a été très productif pour moi, personnellement, de connaître mes tendances personnelles en terme d’empathie et de compassion. Bien que certaines qualités sont certainement influencées par l’environnement dans lequel une personne a été élevé et a évolué, elles peuvent être modifiées (jusqu’à un certain point) lorsqu’une personne est exposée à un scénario donné, des gens qui sont différents, ect…
Heureusement, c’est ce qu’on a vu aux États-Unis entre 2006 et 2018, (évidemment, ce n’est qu’une étude sur 4000 personnes ; à prendre avec un grain de sel, mais tout de même) et certainement entre 2019 et 2021, période durant laquelle il semble avoir de plus en plus reconnaissance de dépression majeure dans les médias, avec moins de stigmatisation qu’avant. Cependant, difficile de prédire jusqu’où sommes-nous prêts à aller au Québec pour améliorer la situation sur le terrain, parce que les questionnaires ne disent pas tout, évidemment. Voyons comment cette situation va évoluer lors des prochaines années.
Soyez bons!