Vapotage : Quels sont les Risques Réels?

A man smoking a cigarette while working on his laptop.


Dimanche (11 juin), j’étais assis avec mon plus jeune en train de boire un café au soleil (bonheur), et un couple de gens dans la cinquantaine s’est assis en face de moi.  L’homme se levait régulièrement pour vapoter, ce que je n’avais jamais vu personne faire en bas de la vingtaine.  Typiquement de moi, assez directement, je leur pose la question :

” Excusez-moi si ça vous dérange pas, j’ai entendu qu’on allait bannir les ”saveurs” de ”vaping”, parce qu’elles sont trop attrayantes pour les jeunes”. 

” Savez-vous si c’est vrai ”?

Gentils, le couple m’explique d’où est-ce qu’ils viennent par rapport à la cigarette, et comment les médecins qui ont opéré monsieur pour un cancer colorectal allaient lui refuser l’opération s’il planifiait de continuer à fumer, quelques années plus tôt.  Encore plus intéressant que l’enjeu des saveurs, j’ai l’impression que des histoires comme ça, il y en a des milliers juste au Québec, et que le vapotage (vaping) ouvre une autre boîte de Pandore complètement inconnue, mais que dans le fond, plus ça change et plus c’est pareil.  On n’apprendra jamais.

À l’ère moderne, difficile de s’imaginer que la cigarette a déjà été glorifiée au point d’être recommandée aux femmes enceintes par des médecins de famille…qui fumaient dans leur bureau!  Maintenant, il semble difficile de trouver des endroits où il est permis de fumer.  Au Canada, on semble avoir interdits les commerciaux de promotion des cigarettes, pour ensuite forcer les compagnies à mettre des mises en gardes (très graphiques), pour bientôt marquer chaque cigarette individuelle d’une mise en garde.  Au cours des dernières décennies, la cigarette est passée d’héroîne à zéro, et il existe maintenant une certaine stigmatisation par rapport à l’habitude de fumer, ce qui a motivé certains opportunistes à innover pour créer un produit qui, du moins en théorie, aurait l’avantage certain ne pas nuire à autrui (ou beaucoup moins), facteur non négligeable de la chute de la cigarette (fumée secondaire).  Le vapotage est ainsi né, et la lune de miel achève, semble-t-il.  Cependant, une question majeure reste : est-ce que le vapotage présente les mêmes risques que la cigarette?  On va voir.

1) Nicotine

D’abord, il semble important de mentionner que :

– oui, les cigarettes électroniques contiennent de la nicotine (parfois plus que dans une cigarette traditionnelle)

– celles-ci libèrent la nicotine par de la vapeur chauffée 

Selon Dr. Andrew Pipe, au moment où on se parle (2020)grosso modo la moitié des utilisateurs de cigarettes électroniques sont des adolescents ou de jeunes adultes (probablement jusqu’à 24 ans).  Cette portion de la population n’étant pas connue pour la modération, il n’est pas étonnant de voir ceux-ci devenir dépendants à la nicotine, très, très rapidement.  En date de 2020, 1 adolescent sur 3 en âge d’être au secondaire avait déjà essayé la cigarette électronique (20% étaient des utilisateurs réguliers, statistiques qui n’ont pu qu’augmenter depuis), des chiffres ahurissants sachant que certains d’entre eux vont mentir d’instinct pour ne pas se faire prendre.  En tant que telle, la nicotine est utilisée depuis des milliers d’années (sous forme de tabac) et ne présente pas de danger majeurs (sauf exception), mais présente un risque d’addiction certain, qui incite l’utilisateur à abuser de la cigarette (ou cigarette électronique) et s’exposer à plusieurs autres produits chimiques qui eux, sont très nocifs pour la santé.   

2) Propylène glycol, Formaldéhyde et autres métaux

En consultant certaines données, une cigarette électronique peut contenir plus d’une centaine d’ingrédients, dont le propylène glycol, qui est souvent utilisé dans certains produits cosmétiques (crèmes, ect..), entres autres.  La plupart des conséquences négatives d’une potentielle utilisation régulière semblerait surtout respiratoire et cardiovasculaire lorsqu’absorbée par voie orale, comme dans le cas d’une cigarette électronique.  Sachant que certains jeunes en particuliers (et bon nombre d’adultes) sont complètement accrocs (utilisation constante), combien de temps ça prend pour créer ou exacerber des problèmes cardio-respiratoires (poumons, asthme) ? Nul ne le sait.  Parlant de propylène, certains avancent que chauffer un liquide à des températures équivalentes au vapotage pourrait créer un agent appelé formaldéhyde, connu pour être lié à certains cancers.  Bien que cette exposition semble minime, nier catégoriquement une certaine exposition à cet agent chimique serait largement naif et irresponsable, semble-t-il, tout comme l’exposition à certains métaux comme l’aluminium qui pourrait s’accumuler dans l’organisme et causer des problèmes.

3) Conclusion

Nous ne pourrons tirer de conclusion définitive sur les réels effets du vapotage sur la population avant une génération d’utilisation à long terme, mais ça ne sent pas bon.  De ce que j’en ai conclu, il ne semble pas y avoir de réels indicateurs que la cigarette électronique soit moins pire que la cigarette traditionnelle, et ce particulièrement  dans les circonstances où on ajoute des saveurs addictives (pour les jeunes, particulièrement) et banalise son utilisation sous prétexte qu’elle n’entraîne ”aucune fumée secondaire”, faisant potentiellement exploser l’utilisation de cigarettes électroniques vs traditionnelles, qui sont interdites virtuellement partout sauf chez soi. Cela étant dit, il semble potentiellement utile et raisonnable pour l’adulte de transitionner de la cigarette traditionnelle vers la cigarette électronique dans le but de réduire drastiquement son utilisation ou même éventuellement arrêter, comme une ”patch”.  Le temps le dira.

Soyez bons, et restez en santé!