Le marché de suppléments est en plein essor présentement, alors que notre santé collective ne tend pas à suivre cette hausse marquée lors des 20-25 dernières années. À titre anecdotique, le marché de la Vitamine D (sous toutes ses formes, D2 et D3) est évalué à 1.1 milliard globalement en 2020, alors qu’il semblait se situer autour de 40-50 millions en 2001. Est-ce que ces chiffres sont justifiés? Au final, qui en a réellement besoin, sous quelle forme et quelle posologie? Bien qu’il n’existe pas de réponse définitive, des débuts de réponse existent, et j’ai choisi deux des débats les plus polarisants du moment (j’aime la controverse on dirait) pour penser à voix haute en termes d’apport en Vitamine D.
1) Couleur de peau : Mélanine et risques de déficit nutritionnel
Il y a beaucoup à conclure des origines d’une personne. J’ai déjà parlé de la tolérance aux glucides en fonction de notre origine (plus nos origines sont près de l’Équateur (tous autres facteurs étant égaux (activité physique, âge, ect..), meilleure est notre tolérance aux glucides en principe). Quand on fait référence à la couleur de la peau, c’est la même chose. Il y a peu à débattre que nous venons tous de l’Afrique, et que nos aventures vers le Nord (ou vers le Sud, tout dépendant) ont amené plusieurs adaptations de la peau au manque de rayons UV. Quand exposée aux rayons UVB, la peau, qui est le plus le plus grand organe du corps, produit de la mélanine en réponse à cette exposition, et vice-versa. En s’éloignant de l’Afrique, la peau de ces populations s’est adaptée aux manques de rayons en devenant de plus en plus pâle pour (produire moins de mélanine) en quelque sorte devenir ”plus sensible” aux rayons quand exposée. De cette façon, ces populations plus pâles étaient en mesure de produire assez de vitamine D à travers la peau en étant moins exposée aux rayons, et ce surtout durant les mois d’hiver.
Alors que le débat sur ce qui est considéré comme :
– des niveaux normaux
– des niveaux déficitaires
– des niveaux très déficitaires et critiques
fait rage, nous savons à tout le moins qu’il faut plus d’une génération ou deux pour s’adapter à un nouvel environnement, et que les gens ayant la peau plus foncée ont plus de risques d’être déficitaires en Vitamine D dans un environnement plus froid (selon ce très intéressant scientifique (8:30 de la vidéo), le 35ième parallèlle (milieu des États-Unis dans l’Hémisphère Nord) semblant être un point critique pour obtenir assez de rayons à l’année. Ces populations à peau plus foncée ont des besoins en rayons plus grands que les populations caucasiennes par exemple, ce qui potentiellement rend une supplémentation en vitamine D3 plus importante.
2) Peaux foncées et COVID-19
Dans la même vidéo, à 14:00, nous pouvons voir une étude qui a constaté que leurs participants au-dessus de 30 nanogrammes/décilitre (ng/dl) de sang (la façon la plus couramment utilisée de mesurer) avaient presque tous la peau blanche, alors que les gens considérés en déficit (21-30 ng/dl) et en très grand déficit (11-20 ng/dl) étaient progressivement de plus en plus représentés par des gens à la peau plus foncée (mexicains ou hispaniques dans le milieu). Par rapport à ce fameux chiffre de 30 ng/dl, il revient trop souvent pour l’ignorer dans les études analysant des rétablissements plus agréables, des symptômes moins sévères et moins de décès à travers toutes les populations dans le monde (au moins celles que j’ai moi-même analysées). Nous pouvons voir ce phénomène ici (1:01) aussi, en voyant la très claire différence en faveur des patients au-dessus de 30 ng/dl.
Évidemment, ce sont des études d’association qui normalement ne tiennent pas compte d’autres facteurs, comme ceux-ci :
– les hommes ont plus de risques et complications que les femmes
– les gens qui font de l’embonpoint ont plus de risques et complications vs. ceux qui n’en font pas
– les gens qui font du diabète vs non-diabétiques
– les gens plus âgés vs moins âgés
3) Supplémenter ou pas?
Suite à tout ce qui a été révélé, est-ce que ça veut tout simplement dire que seulement les gens à la peau noire, les hommes et les vieux devraient prendre leur statut de Vitamine D au sérieux? Ce serait probablement naif de penser ça. Il est à conclure que d’atteindre 30 ng/dl présentement semble de la plus grande importance pour réduire les risques de complications (peu importe tous les autres facteurs de risques) advenant une exposition au présent virus et tous les autres virus courants en hiver, de même que le rhûme commun. La COVID-19, même si elle représente une problématique certaine pour la santé publique, n’est certainement pas la seule raison de regarder du côté de la supplémentation, sachant qu’il existe un lien entre des niveaux adéquats et la dépression (même si c’est un sujet très complexe qu’on ne peut pas juste régler avec des pilules, certainement). En fait, difficile de trouver quoi que ce soit qui n’est pas de connivence avec le statut en Vitamine D, sachant qu’elle joue plus le rôle d’une hormone que celui d’une vitamine.
Sachant tout cela, selon les recommandations de Chris Masterjohn, se situer entre 30 ng et 40ng/dl est probablement ”the way to go”, mais quoi faire avec toutes les recommandations d’experts d’y aller pour 50, 60 ou même 80ng/dl? Énormément de facteurs vont dicter si ça peut aider quelqu’un, tels que l’âge, le sexe, le statut nutritionnel, l’ethnicité, la santé globale, la santé du système respiratoire ainsi que plusieurs autres, mais je ne vois pas de raisons valables pour encourager quiconque à y aller dans cette voie. Comme beaucoup de choses, le mieux est souvent de se trouver dans le milieu (”U-shaped curve” en termes scientifiques anglophones) et de ne pas consciemment essayer d’atteindre les extrêmes sans raisons valables de le faire. Cependant, à noter qu’il est très difficile d’atteindre une toxicité en Vitamine D (faut vraiment faire exprès). Le mieux sera toujours de tester ses niveaux ici :
– OmegaQuant : à prix très modique (je fais vérifier mes niveaux prochainement)
5) Autres interventions alimentaires
Comme je l’ai mentionné souvent, la supplémentation n’est pas la panacée. Tout d’abord, dans le cas d’une supplémentation :
– la dose dépend du déficit dans lequel la personne se trouve
– si la personne ne teste pas ses niveaux, 5000UI/jour pour l’hiver me semble raisonnable, pour ensuite réduire à 1000-2000UI pendant l’été ou complètement l’éliminer si beaucoup de temps est passé dehors
– prendre la supplémentation avec un repas qui comprend des gras (oeufs par exemple) pour une meilleure absorption
Ensuite, consommer toutes les parties d’un animal (foie, coeur et autres), des viandes rouges nourries à l’herbe et des bouillons semble la façon la plus sécuritaire et nutritive à la fois d’éviter un déficit, mais d’obtenir aussi des nutriments cruciaux (vitamine K2 par exemple, qui est ajoutée aux meilleurs suppléments de vitamine D3 pour une meilleure absorption). À noter que les végétaux contiennent de la vitamine K1, qui est convertie en K2 par l’être humain aussi bien que je lance une balle du bras gauche, c’est-à-dire très mal.
Soyez bons, et restez en santé!
Liens:
– https://www.marketsandmarkets.com/PressReleases/vitamin-d.asp
– https://www.precisionnutrition.com/carbohydrate-tolerance-genes
– https://www.youtube.com/watch?v=ha2mLz-Xdpg
– https://omegaquant.com/vitamin-d-test/
– https://www.healthline.com/nutrition/vitamin-k2#sources