L’histoire de Marie-Claire Saint-Jean est peu commune. Bien que ses symptômes et problèmes physiques (douleurs chroniques au dos) soient très communs, les moyens pris pour les régler sortent de l’ordinaire. C’est pourquoi je considère que cette histoire se doit d’être lue, car beaucoup de gens, et plus spécifiquement beaucoup de femmes à l’aube de la ménopause, souffrent en silence. Il y a toujours un meilleur chemin.
1) 2018 : Maux de dos, Chiro et Évaluation physique
Il y a tout juste un peu plus de deux ans, Marie-Claire (MC) est venue me voir avec des maux de dos chroniques, au niveau lombaire, qui duraient depuis des années. Étant auteure à succès et faisant partie du corps dirigeant des Éditions Guy St-Jean, MC fait donc face, à l’image de nombre d’entrepreneurs d’aujourd’hui, à beaucoup de stress quotidiennement. Elle voit un chiropraticien depuis presqu’un an déjà, à raison d’une fois par semaine environ pour une subluxation au niveau lombaire et de l’arthrose au niveau cervical (cou). À l’image de plusieurs travailleurs de bureau qui passent beaucoup de temps à l’ordinateur, elle a des maux de cou réguliers, et spécialement lorsqu’elle est couchée sur le dos et qu’elle a à soutenir sa tête. Ses épaules et le haut de son dos sont comme un bloc de béton ; pas beaucoup de mouvement là!
Au niveau physique, MC ressent les symptômes habituellement réservés aux femmes dans le début de la cinquante ; une prise de tour de taille dans les années précédentes, et de grosses difficultés de sommeil, surtout dûes à de nombreuses et désagréables bouffées de chaleur. Elle a essayé beaucoup de trucs pour améliorer son sommeil, sans grand succès. Ceci, à part ses maux de dos, constituent la plus grosse embûche qui l’empêche d’avoir la qualité de vie qu’elle désirerait. Au niveau nutritionnel, MC, sans être parfaite, a une diète solide, remplie de végétaux de toutes sortes et d’aliments de qualité. Il est certain qu’elle ne détesterait pas perdre quelques centimètres au niveau du ventre.
Elle utilise de l’hormonothérapie à faible doses (Duavive) et prend un médicament pour la pression (Telmisartran), sans prendre d’autres médicaments/suppléments.
2) L’approche par les priorités
”Never put strength on top of dysfunction”
– Gray Cook-
Comme toujours quand j’évalue, quelqu’un, j’y vais pour les grosses roches faciles d’atteinte. À l’exercice, d’abord :
2a) Restaurer la mobilité dans le haut du dos
Contrairement à ce que l’on peut penser, le haut du dos (région thoracique) est conçu pour plus de mouvement que le bas du dos. En gymnastique, il est facile de le constater en voyant un ”bridge” que le bas du dos va beaucoup moins en extension que le haut du dos. Pour la majorité de la population adulte, travailler sur l’extension thoracique est capitale avant de faire quoi que ce soit d’intense au niveau musculaire, puisque beaucoup de dysfonction au niveau du haut du corps au 21ième siècle provient simplement du fait que nous restons assis des heures en flexion au niveau thoracique, devant l’ordinateur ou le cellulaire. La dernière chose à faire est de promouvoir l’exercice et la musculation dans ce type de position (arrêtons les crunchs svp?).
2b) Évaluer la stratégie de MC lorsqu’elle soulève des charges
MC avait une très belle technique de hinge (pousser les hanches vers l’arrière), mais en raison du surplus pondéral au niveau abdominal (normalement associé aux hommes, mais je vais parler dans la Partie 2 pourquoi les femmes ont tendance à développer cette condition plus tard dans la vie), elle se penchait beaucoup et son dos est donc devenu plus fort que ses jambes. Lorsque les jambes ne sont plus autant sollicitées, elles perdent de la masse musculaire, renforçant le pattern favorisant plus la chaîne postérieure (fessiers, ischio-jambiers et bas du dos) de Marie-Claire. Donc, pour rebalancer le bas de son corps, Marie-Claire se devait de réapprendre à utiliser ses quadriceps (pattern de squat), pour donner un répit à son dos lors de ses activités quotidiennes. En raison de la surcharge pondérale en avant de son corps et d’un port de tête de l’avant, elle avait souvent des douleurs lorsqu’elle était longtemps debout, en faisant la vaisselle par exemple. Pour ce faire efficacement, il devenait important de trouver des solutions pour aider à perdre du ventre, qui atteignait autour de 100 cm à la taille. Tout est connecté!
Nous avons fait beaucoup, beaucoup d’essais et d’erreurs, mais au bout du compte, ce sont probablement ces deux éléments qui ont fait la différence. Lorsque certains segments de la colonne vertébrale ne sont pas sollicités, ils perdent de leur mobilité et de leur fonction. Donc, les problèmes de bas du dos de Marie-Claire ont probablement été causés, en partie du moins, à un gros manque de mobilité en haut, et la partie lombaire compensait pour ce manque!
Il est important de comprendre ce concept lorsqu’en visite chez un chiropraticien, par exemple. Après avoir passé des dizaines d’heures à observer d’excellents ”chiro” à l’oeuvre, leur dénominateur commun est qu’ils ont une vue d’ensemble du corps humain et savent :
– qu’ils peuvent redonner fonction et mobilité au niveau du rachis avec leurs manipulations (en bon français : ”craquer”), de la façon la plus douce possible.
– qu’ils se doivent de faire un travail de prévention et de réhabilitation en travaillant sur le système musculaire. L’un ne va pas sans l’autre. L’époque des patients à la chaîne et des plans de 10, 20 et 50 rendez-vous de 5-10 minutes est révolue.
Il me semble clair qu’après avoir vu des dizaines de gens sortir de douleurs chroniques qui duraient depuis des années, que la qualité du mouvement que ces personnes sont capables de produire est le facteur numéro 1 pour rester en santé et sans douleur. Effectuer un exercice avec une belle technique veut dire que les groupes musculaires responsables de l’articulation sont proprement activés, et dans la bonne séquence. La douleur, bien qu’elle se manifeste à un endroit précis, est souvent le résultat de beaucoup de dysfonctions en haut ou en bas de la chaîne. Il n’est pas rare de voir un problème d’épaule à cause d’une cheville qui manque de dorsiflexion!
Dans la partie 2, la semaine prochaine, je vais entrer dans les détails sur les changements apportés aux habitudes de vie de MC.
Soyez bons!